Le rouge et le noir ou Christiane Infantes la Stendhalienne,
En
2002, une déferlante de rouge sang, véritable raz de marée,
envahit l'oeuvre du peintre, des petits aux moyens et grands formats :
diptyques, triptyques ou polyptyques.
L'artiste,
femme sans fard, discrète, secrète et fière, porte
à son paroxysme le rouge incandescent pour le travailler ensuite
en multiples nuances et s'isoler mentalement dans son atelier au sein
de la pourpre sanglante.
Puis, peu à peu le noir pur s'insinue à son
tour accompagné bientôt d'un blanc incisif qui le zèbre
ou le sertit. Un humoristique zeste de bleu, pétales d'une plante
virtuelle vient tout à coup troubler l'ensemble. On est ici au
coeur de l'ambiguïté de cette peinture paradoxale. Son rapport
à la réalité concrète : quotidien domestique,
paysage, monde animalier ou végétal le dispute à
valeur égale à la plus totale abstraction.
Christiane
Infantes s'immerge dans cette red river ; se mettant constamment en danger,
elle franchit tous les rouges pour avancer. Ainsi elle délivre l'œuvre
et se délivre. Une danse de vie, une danse vitale pour le peintre qui
traverse le miroir déformant des idées reçues pour que naisse enfin une
vie codée, ordonnancée avec énergie et précision selon un projet préconçu
avec une infinie rigueur.
Des
titres insolites ou incongrus : " Si tu veux venir à la maison, ma sœur
a pris un poulet fermier ", " On se fait un ciné ? ", inscrits au dos
de la toile ajoutent à l'ambiguïté de cette peinture paradoxale au diagnostic
improbable.
Christiane
Infantes s'immole dans le combat de cette abstraction figurale où la peinture
se joue du peintre et le peintre de la peinture.
Marie Wiame
Décembre 2003
Invasion barbare du rouge pour une histoire intime,
tel est le paradoxe de Christiane Infantes.
Elle
redéfinit et dompte une couleur pourtant chargée de tant de symboles et
de lieux communs pour écrire son histoire personnelle. Etrange attirance
du rouge pour ce peintre qui l'accueille. Ici, les carnets préliminaires
précèdent la peinture où s'inscriront les grandes toiles en devenir, tandis
que l'artiste prépare dans l'urgence ses pigments aux secrets de l'atelier.
L'énergie
du rouge, négativée par les formes radicales des dessins préalables, n'est
pas celle du désir, non plus que le sang de la terre ou celui des hommes,
mais le sien. Avec pudeur, Christiane Infantes se dit, nous confie, chuchote
: Exécution rigoureuse où le noir et le rouge, le blanc en contrepoint
et des coquetteries de bleu s'invitent.
Toiles à la fois semblables et différentes selon la déclinaison de l'artiste,
réalisées dans une extraordinaire économie de moyens : copies perforées
recouvertes d'équations mathématiques ou autres que la peinture oblitère.
Le peintre délivre un imaginaire contrôlé sans abandonner le châssis,
loin des effets de mode, une mémoire figée s'écrit.
Christiane
Infantes introduit dans la peinture du 21e siècle une dimension nouvelle
: l'humour. Avec ses titres déjantés en rupture avec les toiles de cet
" art sauvage " pour reprendre l'expression du conservateur américain
Bob Buck. Christiane Infantes, une femme, un peintre, une œuvre.
Maïté Boyer
Promenade surprise dans un labyrinthe noir et blanc,
Onzième galerie
Promenade surprise dans un labyrinthe noir et blanc
On est dans le noir
Peu à peu la lumière s'anime
Au hasard du pinceau ... un point rouge, une feuille, un pétale
On tient bon le fil
On se faufile
Ronds, carrés, rectangles et courbes
La petite phrase est là
La vie toute simple remise à l'endroit
Peindre est un jeu
On saute à la corde en entrant dans la douzième galerie !
Ici le chat ronronne face à l'aquarium
De temps en temps une griffe caresse le velours du canapé
La porte grince
Mais où est donc passé le presse-purée?
On fait le tour de la cuisine, on monte, on descend l'escalier
Surtout ne perdons pas l'équilibre quoiqu'il arrive
Le jardin est désert, le vent y joue à la marelle
Qu'importent les intempéries ... le soleil va revenir
Visiteurs ne soyez pas surpris, Christiane Infantes vous présente
Avec humour et fantaisie le puzzle de sa vie
Rideau !
Anne-Marie Leymonerie
Février 2012
Septembre 2007